Chine

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Comme je l'expliquais dans le post sur le Kirghizistan, compte tenu du rendez-vous fixé avec Sonja au Vietnam, et du retard accumulé à cause de problèmes mécaniques, de santé et administratifs, je n'ai pas eu autant de temps que prévu à passer en Chine. Je pensais initialement prendre le train pour Chengdu, au centre, et pédaler de là vers Hanoï, mais j'ai finalement dû prendre le train pour Kunming, beaucoup plus au sud.

Juste avant de traverser la frontière je retrouve à nouveau Sam, que je ne présente plus. Au poste de douane, on nous explique que l'unique route qui mène à la ville suivante est beaucoup trop dangereuse, et que pour notre sécurité la loi interdit aux touristes de la prendre à vélo ou à bord d'un camion à cause des nombreux accidents. La seule option qui nous reste est le taxi, à nos frais bien évidemment. Bonjour la Chine, bonjour la corruption ! Finalement l'unique taxi se remplit, et faute de place, ils nous demandent de monter avec nos vélos dans un camion. Mais où est passé la législation ? Et notre sécurité ?

Après 6h épuisantes de piste incroyablement chaotique (longée par une nouvelle route impeccable mais pas totalement achevée et donc fermée), nous arrivons à destination. Et je découvre que mon porte-bagages s'est cassé pendant le trajet... Faute de temps, je quitte Sam et je poursuis en stop. En arrivant à Kachgar le chauffeur me demande de l'argent, alors qu'il n'en avait jamais été question et que c'est inhabituel, et m'annonce un tarif au moins cinq fois trop élevé. Je lui paye tout de même ce qu'il me semble juste puisqu'il m'a rendu un service. Lui est très énervé de ne pas avoir gagné davantage, moi aussi à cause de son comportement. Autant dire que mon arrivée en Chine ne se passe pas au mieux !

A Kachgar je découvre une ville entre deux mondes, la Chine et l'Asie centrale. Les Ouïgours, le peuple autochtone, ne sont pas plus chinois que les Tibétains et s'estiment colonisés. L'avantage pour le touriste est que tout est écrit dans les deux alphabets, le chinois et l'arabe. Du coup tout est beaucoup plus limpide... On y trouve à la fois une ambiance ouïghour, dans les petites ruelles, et chinoise, ailleurs. Les chachliks et autres plats d’Asie centrale y côtoient les nouilles et épices asiatiques.

A Kachgar j'apprends que tous les trains de l'unique ligne pour sortir de la ville sont pleins pour les trois semaines à venir. A cause du retard accumulé, je me retrouve à essayer de prendre les transports en commun à la fin des vacances d'été, au moment où tous les Chinois (et il y en a !) repartent travailler ou étudier. Après deux heures passées dans une file d'attente, je me dégote finalement une place dans un bus. Au moment de partir, un responsable de je ne sais quoi exige que je paye un supplément de 50% pour le vélo. Je proteste mais ils commencent à décharger mon vélo ; sous la contrainte je négocie et je paye. Entre la douane, le chauffeur de camion et ce type j'en ai ras le bol !

Le trajet en bus dure 26h, et quasiment tout le long ils passent une série de guerre à la gloire de l'armée chinoise, où les Japonais sont de lâches peureux pleurnicheurs qui violent et passent leur temps à courir sur les champs de bataille, tandis que les Chinois sont rusés, habiles, bons camarades, et ne perdent que lorsqu'ils se battent à 10 contre 1. Car il est bien connu que si les Japonais ont vaincu les Chinois, c’était qu’ils étaient plus nombreux...

Arrivé à Urumqi, je réserve la première place de train disponible pour Chengdu, mais je dois patienter 3 jours avant de partir. J'arpente la ville, et notamment ses parcs avec de beaux arbres, des plans d'eau et des temples bouddhistes. Ils sont très vivants, un nombre impressionnant de personnes s'y exercent au thaifu, un mélange de yoga et d'arts martiaux. Je m'y essaye, mais je manque clairement d'équilibre, de souplesse, et peut être un peu de grâce. A plusieurs reprises un groupe de personnes installe une sono, et se met à danser. J'aime beaucoup flâner dans ces parcs !




Pour décrire en quelques mots le premier trajet de train de 48h : bondé (mais au-delà de tout ce que j'aurais pu imaginer....), bruyant, nuit blanche, lent, inconfortable, sale, non fumeur (à la discrétion des voyageurs), épuisant.

Je ne passe qu'une nuit-étape à Chengdu, et je ne connais de cette ville que son métro et ses nouilles. Le premier est flambant neuf, d'une propreté irréprochable, et avec contrôle de sécurité comme à l'aéroport. Les secondes font la réputation de la ville. Celles que je prends le soir sont tellement épicées que mes lèvres en tremblent ! On m'avait parlé d'un poivre local qui anesthésie la bouche lorsqu'on le croque, il devait y en avoir dedans. A plusieurs reprises des gens s'arrêtent pour me regarder manger avec des baguettes puis lèvent le pouce en souriant pour me féliciter.

Je prends à nouveau le train pour Kunming, mais il est moins bondé (comprendre pas beaucoup plus d'une personne par siège), le trajet ne dure que 19h, et je transforme ma poche à eau en coussin hydraulique. C'est tout de suite beaucoup plus agréable.

J'arrive à Kunming un dimanche, et faute de pouvoir lancer les démarches pour mon visa, je me balade. J'en suis à ma quatrième ville chinoise, et contrairement à ce que l'on m'en avait dit, je ne les trouve pas si horribles... Elles n'ont pas de caractère comme Boukhara, Bakou, ou les vieilles villes européennes car ils détruisent et reconstruisent en permanence. Et faute de centre historique, il n'y a pas tellement matière à visiter. Mais en contrepartie elles sont très agréables à vivre : elles ont de grandes avenues sans embouteillages, de grands trottoirs, des pistes pour les vélos et les scooters. Ces derniers sont quasiment tous électriques ce qui rend la ville beaucoup plus calme... Les bâtiments et les trottoirs sont en bon état, les rues sont propres avec de nombreuses poubelles. De nombreux marchands ambulants vendent des fruits, des snacks qu'ils trimballent sur des chariots attelés à un vélo ou qu'ils poussent. Et on trouve toujours des parcs très agréables comme décrit à Urumqi.



Le lendemain j'obtiens mon visa vietnamien dans la journée. Je suis ravi ! Je pensais devoir attendre plusieurs jours puis me presser pour rejoindre Hanoï, finalement j'aurai suffisamment de temps. Après une période où j'étais frustré de traverser la Chine sans la voir, je suis maintenant satisfait d'avoir passé les quelques jours précédents dans différentes villes, et de découvrir la campagne les jours à venir. La Chine aurait mérité que j'y passe plus de temps, mais je pourrai tout de même en avoir un aperçu intéressant.

Je quitte la ville sur un itinéraire secondaire qui débute très bien, mais à cause de mauvaises indications je me retrouve dans une zone agricole. La route se transforme en un chemin boueux, et se frayer un chemin entre les flaques est un exploit. Mon pauvre vélo lavé la veille est de nouveau tout sale... Grâce à mon GPS je retrouve la route sur laquelle j'étais censé me trouver, à 200m en parallèle. Elle est plus large, mais toujours aussi boueuse! Quelques kilomètres plus loin je bifurque, et j'ai enfin un revêtement correct.


Les villes secondaires que je traverse n'ont rien à voir avec les grandes villes que j'ai vues jusqu'ici, elles sont plus vieillottes, plus simples.


La route que j'emprunte longe un lac et passe par de très belles collines. Elle est quasiment pour moi tout seul, c'est un régal.





Ici tout est soit cultivé soit construit, ils font même pousser du maïs ou du tabac sur des parois verticales et sur le bas-côté de la route. Trouver un endroit pour camper n'est pas une mince affaire !


L'avant-dernier jour avant d'entrer au Vietnam, la route quitte les collines pour rejoindre le fleuve Rouge. Je descends d'un coup de 1500 m à 200 m d'altitude, l'atmosphère devient brutalement humide, chaude, pesante, c'est très surprenant ! Ici plus de champs de riz, de maïs ou de tabac, mais des plantations de bananiers, et les maisons sont en bois, beaucoup plus pauvres.


Je rejoins ensuite le Vietnam en longeant le fleuve, très heureux de ces derniers jours en Chine.


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