Ouzbekistan

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Pour ma première journée en Ouzbékistan, je suis allé à Mouniaq avec Matt et Alexei. Cette ville en plein milieu du désert était il y a 50 ans un port de pêche de la mer d’Aral en pleine activité. Mais l’eau du fleuve qui l'alimente est détournée en amont pour l’irrigation des cultures (du coton notamment) et pour fournir l’eau courante à la population, la mer d'Aral se vide, et il ne reste aujourd'hui du port de pêche qu'une ville sinistrée et quelques épaves de bateaux qui gisent sur le sable... Par la suite j’ai été choqué de voir qu’en Ouzbékistan tous les robinets et toutes les toilettes fuient...


Nous avons ensuite poursuivi notre route vers Khiva, l’un des trois sites architecturaux les plus beaux d’Ouzbékistan. Sur la route nous retrouvons Frédéric, avec qui nous avions pédalé au Kazakhstan, et Sam, un nouveau cycliste, se greffe à nous.
Au fur et à mesure que nous nous rapprochons du fleuve de la région, les paysages changent : les arbres, l'herbe apparaissent à nouveau, et l'irrigation permet de cultiver les terres. Le soleil est tellement fort ici, que la végétation ne pousse que si elle est arrosée ou à proximité d'un canal d'irrigation.


Peu avant d'arriver à Khiva, une famille nous invite à partager son repas, alors même que nous sommes un groupe de 5 cyclistes. Avec Alexei nous restons, les autres préfèrent continuer. Tant pis pour eux, nous les rejoindrons plus tard. Nous assistons à la préparation du Plov, plat typique de l’Asie centrale, composé de riz, de carottes et de viande. Puis nous nous asseyons à même le sol autour d'une grande table basse, et nous mangeons avec les doigts dans deux grands plats communs. Alexei qui est gaucher se sert instinctivement de sa main gauche, mais la réaction de nos hôtes ne se fait pas attendre ! Certains utilisaient une cuillère, nous avons donc demandé si Alexei pouvait en avoir une et s'en servir de la main gauche. Mais à leur regard nous avons vite compris que ce n’était pas souhaitable...

 


La vieille ville de Khiva n'est pas une ville mais un musée. Sous l’ère soviétique tous les habitants ont été déplacés et les bâtiments restaurés. Il manque donc le charme de l’animation des rues, remplacé par celui des marchands de souvenirs, mais en abordant la ville comme un musée, je dois bien dire qu'elle est magnifique !




Le matin où nous avions prévu de partir, Alexei et moi ne nous sentons pas bien... Lorsque nous avions été invités à partager le Plov, quelques jours plus tôt, la famille nous avait servi du jus de fruit que nous soupçonnions être coupé à l'eau. Voici la réponse deux jours plus tard...
Mais la femme qui tient l’hôtel où nous sommes est un amour : elle m'apporte des médicaments, un coussin, me prépare du riz...

Nous restons deux jours de plus à l’hôtel, le temps de nous remettre d'aplomb, et nous partons. Nous nous dirigeons vers Ourgentch, d’où nous avons prévu de prendre un train pour éviter 400 km de désert qui séparent la province de l'ouest du reste du pays. Après une dizaine de kilomètres, une voiture nous double et s’arrête en nous faisant une queue de poisson. La gérante de l’hôtel descend, et me tend mon passeport que j'avais oublié... Un amour!


Alexei et Matt ont prévu de passer une semaine avec leurs copines puis d'aller au Tadjikistan, alors que je rêvais de pédaler au Kirghizistan. Nous nous séparons donc, après un mois de route commune. Les mots ne suffisent pas pour décrire l'horreur de cette séparation...

Je me rends ensuite à Boukhara et Samarcande, où se trouvent de magnifiques mausolées et caravansérails de l'âge d'or de la route de la soie.
A Samarcande les Russes ont construit de grandes avenues, des parcs, des esplanades autour des vieux bâtiments, ce qui les rend plus imposants.




Je trouve les bâtiments de Boukhara légèrement plus raffinés, et avec ses petites ruelles l’atmosphère y est plus authentique.




Comme je l'avais découvert grâce à Matt et Alexei en Azerbaïdjan, le soir je mange dans un café-restaurant sur le bord de la route, et je demande à y passer la nuit. Ils ont toujours une pièce de disponible ou une sorte de table basse en bois à l’extérieur, dont ils se servent pour manger ou dormir. C'est un excellent moyen de manger bon et varié, d’éviter de sortir la tente, d'avoir de l'électricité et de l'eau à volonté pour la douche et la lessive.
Mais ça ne remplacera jamais une nuit de camping en pleine nature, entouré de beaux paysages...


L’Ouzbékistan est une dictature, et ça se ressent légèrement. Les contrôles de police sur les routes sont fréquents, la législation oblige les étrangers à dormir à l’hôtel tous les trois jours, ce qui complique parfois la fin de journée. A deux reprises, je dois même décliner une invitation car, ce soir-là, je n'ai pas le choix, je dois dormir à l’hôtel...
Un soir où j'avais trouvé un café pour passer la nuit, deux policiers arrivent et me demandent de les suivre avec mon vélo, sans raison. Après deux heures de discussion tendue ils me laissent enfin tranquille, mais vide d’énergie... Ils cherchaient sans doute à se faire de l'argent facile. Je m'en suis sorti en refusant d’obéir s'ils ne me donnaient pas une bonne explication, à moins qu'ils ne me montrent leur carte de police mais en les menaçant dans ce cas de faire un rapport.

Mon avis sur les Ouzbeks est mitigé. Autant ils sont vraiment gentils, autant j’étais soulagé en sortant du pays. Et ce sentiment est partagé par les cyclistes avec qui j'en ai parlé.
Ils sont très accueillants, très généreux et invitent facilement à partager leur repas ou à dormir chez eux. Ils sont curieux, ouverts et abordent très spontanément l’étranger pour discuter. Ils ont vraiment un bon fond, mais après un mois je n'en pouvais plus de ces gens en voiture qui ralentissent à mon allure, se collent à moi et m'observent, des attroupements qui se forment autour de moi dès que je m’arrête où les gens agglutinés autour de moi se penchent sur mon épaule pour lire ce que j'écris, pour voir ce que je fais sur mon smartphone, touchent en permanence à mon vélo, se plantent devant ma tente et me regardent faire ma popote. Et soit ils restent silencieux en me fixant du regard, soit ils me parlent ouzbek sans faire le moindre effort pour que je les comprenne. Ça ne part jamais d'une mauvaise intention, mais qu'est-ce que c'est pesant lorsque ce genre de situation se répète à longueur de journée !
Heureusement il reste toujours les rencontres où l'on dépasse ce stade et où l'on échange. Ce ne sont pas la majorité, mais ce sont celles qui ont le plus de valeur et dont on se rappelle.


Et pour finir sur une bonne note, car j'ai tout de même beaucoup aimé ce pays et ses habitants : en ce qui concerne les visages, les tenues vestimentaires, l'ambiance dans les bazars, c'est un pays très oriental, beaucoup plus authentique que ses voisins où l'on sent davantage l'influence de la mondialisation.




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